Thödol

Independant label

31 mars 2013

Page de Pub - U15 de Jérémie MATHES


CD ltd to 200 hand numbered copies
2013
40’47

1 / Arrecife
2 / Ciclos
3 / Atlante Del Sol
4 / Los Caletones
5 / El Golfo

Jérémie MATHES : Field Recordings

Les field recordings, comme les drones, peuvent être touchants. Mais pour ça, ils doivent être assez complexes pour à la fois capter l’attention totale de l’auditeur, mais aussi provoquer chez lui une certaine fascination, au-delà d’une contemplation passive, pour le retenir et lui dévoiler un ailleurs mystérieux. 
Mais s’il y a trop de complexité dans cette musique, l’édifice s’effondre. Car toute cette musique tient intégralement dans cette fragile spécificité : la capture d’un réel qu’on s’approprie et qu’on manipule pour en garder simplement la substance et le faire accéder à un état supérieur sans en pervertir l’essence. Le sublimer et le révéler. En ça, cette pratique est profondément magique. Burroughs en savait quelque chose. 
Jérémie Mathes utilise son enregistreur comme un canal médiumnique, faisant le pont d'un monde sonore à l’autre, simplement en agençant les sons. Il est passé maître dans l’art de traduire le visuel en auditif et inversement. Son travail absorbe l’auditeur et l’attire dans un univers subtil, où les bruits se transforment en musique méditative et se meuvent jusqu’aux bords de l’angoisse et de la mélancolie. 
Jérémie Mathes s’intéresse aux textures sonores de l’environnement presque à un niveau moléculaire. En renonçant aux rythmes et aux mélodies, il donne naissance à un monde extrêmement dense, complexe, organique, d’une beauté abstraite et labyrinthique. Et bien qu’elle soit sensitive, intuitive et interne, cette musique n’a rien d’aléatoire. Par un jeu d’emboîtement précis des différents fragments, elle convoque la mémoire des lieux et affiche les stigmates des drames et des tensions qui sont déjà passées et ceux qui arriveront bientôt. 

Field recordings, such as drones, can be touching. But they must be complex enough to both capture the full attention of listeners and also arouse a certain fascination, way beyond just contemplation, to hold him and unveil some mysteries. 
But if this music is too complex, the building collapses, because this kind of music is full in this fragile specificity: capturing the real, appropriating and manipulating it just to keep the substance and try to reach it on a higher state without perverting the essence. Reveal & sublimate it. In this way, this practice is deeply magical. And Burroughs knew it.
Jérémie Mathes uses his recorder as a psychic channel, bringing a sound world to another, just by rearranging sounds. He masters the art of translating visual in aural and vice versa. His work absorbs and draws listener in a subtle universe, where sounds become meditative music and move to the edge of anxiety and melancholy.
Jérémie Mathes focuses on sound textures of the environment almost at a molecular level. Renouncing rhythms and melodies, he gives birth to an extremely dense, complex, organic world and abstract labyrinthine beauty. And although sensitive, intuitive and internal, this music is not random. By a set of specific nesting of different fragments, it summons memory of places and shows the scars of tragedy and tensions that have already happened, and those which will come soon.

24 mars 2013

Coup de projecteur - HORSE GIVES BIRTH TO FLY



 

Horse Gives Birth to Fly tient son nom du formidable morceau de Deutsch Nepal, qui tient le sien d’Amon Düül II. Ainsi la filiation est claire, et il n’y a aucun mensonge sur le contenu, car la musique de Horse Gives Birth to Fly se loge très exactement dans cet interstice : entre la transe issue du psychédélisme et du Krautrock et l’air vicié de la dark ambient et de la musique industrielle.  
Le résultat est un duo qui travaille sur les couches successives et développe une musique atmosphérique d’une fragile puissance où s’accroît la tension tout au long des morceaux. Et la longueur en est un des éléments-clé, parce que la répétition n’est pas le retour de l’identique, du même en tant que tel. Et c’est précisément sur cette perversion que jouent Miccam et Kriss dans Horse Gives Birth to Fly. Cette superposition progressive qui s’immisce en nous, les accumulations de boucles entêtantes et la façon dont ils les orchestrent nous entraînent vers des paysages inquiétants, comme l’orage qui gronde à l’horizon. Chaque petit bruit, chaque petit son qu’ils ajoutent participe à édifier leur construction aural, qui fonctionne comme un tableau pointilliste et qui ne se révélera et ne se déploiera que dans son holisme.
Cette musique peut même être d’un érotisme troublant. Les timbres sont séduisants, les atmosphères envoûtantes, et les chants liturgiques qui se mêlent aux percussions et aux drones gagnent l’auditeur insidieusement.
On pense à Popol Vuh, Faust, Cabaret Voltaire, à Set the Control for the Heart of the Sun de Pink Floyd, ou Acid Mothers Temple… Mais étonnement, il faudrait peut-être rapprocher Horse Gives Birth to Fly de Ligeti, de Xenakis ou de Penderecki. Les exigences musicales en jeu ici étant d'amener des reliefs, des couleurs et des dynamiques au-delà de la technique ou de la simple puissance primale (bien qu’ici primitive). Ce qui signifie que toutes les louanges qui peuvent être adressées à ce groupe viennent de la concentration exemplaire, à la fois intense et impressionnante dont ils font preuve.
Horse Gives Birth to Fly déploie une musique tellurique, qui s’inscrit dans des rituels oubliés et nous emmène vers des contrées lointaines. Cela résonne en nous comme la reconnaissance imprévisible de ce qu’on ignorait depuis trop longtemps et qui ne peut plus, qui ne veut plus se taire.
Pour vous en convaincre, écouter donc leur dernier morceau, bientôt disponible en LP.

Horse Gives Birth to Fly was named after Deutsch Nepal’s masterpiece, which was named after Amon Düül II. So, filiation is clear, and there’s no lie about the content. Horse Gives Birth to Fly's music fits exactly in this gap: between the trance came from psychedelism or Krautrock and stale air of dark ambient and industrial music.
The result is a duo that works on layers and atmospheric music. It develops a fragile power with a ever-growing tension all along the tracks. And the length is one of the keys of this music, because repetition is not the return of the identical, the same itself. In Horse Gives Birth to Fly, Miccam and Kriss play precisely on this perversion. This progressive superposition meddles in us. The accumulation of catchy loops and how they both orchestrate it lead us to uncanny landscapes, where the storm roars on the horizon. Every little noise, every little sound they add builds their aural construction, which works like a pointillist painting and will be revealed and unfold only by the holism.
This music is even a little disturbing with its eroticism. The tones are attractive, the atmospheres are bewitching, and liturgical songs blend with percussions and drones insidiously reach the auditor.
It reminds us Popol Vuh, Faust, Cabaret Voltaire, Pink Floyd’s Set the Control for the Heart of the Sun, and Acid Mothers Temple... But surprisingly, maybe Horse Gives Birth to Fly would be closer to Ligeti, Xenakis and Penderecki. The musical requirements involved here are to bring relief, colors and dynamics beyond the technical or simple primal power (although it’s primitive here). It means that all the praise that can be directed at the group as to do with the perfect concentration, both intense and impressive.
Horse Gives Birth to Fly displays land-based music, which is part of forgotten rituals and takes us to distant lands. It sounds to us like the recognition of what was too long ignored. And this something can’t, doesn’t want to shut up.
To convince you, listen to their latest track, soon available in LP.

Kriss : Rythmic & tribal voice, Bass, Space toys 
Miccam : Cosmic Noise Guitar, Aerial voice, Space toys

Horse Gives Birth to Fly site 
Horse Gives Birth to Fly on Bandcamp