Thödol

Independant label

16 août 2011

Picola Naine – TOUTES LES RATIONS UTILES POUR ATTEINDRE TAHITI A TEMPS

Picola Naine –

Ecouter l'album /  Listen to the album


C'est toujours le meilleur pari à prendre que d’attendre l'inattendu avec Picola Naine. Quel que soit l’instrument qu'il explore (chant, guitare, piano, sampler…), chacun de ses projets a une identité qui lui est propre et porte sa griffe.
Toutes les Rations… est peut-être un de ses détour les plus surprenants : une excursion dans la chanson française.
Mais il y a quelque chose d'intrinsèquement pervers sur la notion même de chanson chez Picola Naine. L'album est tout à la fois plein d'ironie et débordant d'affection. En fait, sa vraie dimension subversive est peut-être son impossibilité à concilier à la fois une réelle envie de s’ouvrir au grand public et la volonté d’aller toujours plus loin, telle une fuite, dans l’expérimentation et la déconstruction.
Chaque titre est conçu avec un soin remarquable et regorge de profondeur. Picola Naine explore des atmosphères tour à tour douces, âpres, chaleureuses, arides et organiques, et fait preuve d’une très grande inventivité, malgré les limites que le concept semblerait vouloir imposer. Il trouve autant de possibilités dans la chanson que lorsqu’il expérimente avec des machines ou sa guitare.
Bien que chacune des pistes de l'album soit minutieusement conçue, la fragilité de l’ensemble offre un contraste saisissant avec l’énergie, les arrangements débridés et les paroles extravagantes et inattendues.
Sur une base simple, il déploie chaque morceau et cherche l’endroit de la rupture. Il développe avec une compréhension instinctive des combinaisons étonnantes pleine de détails, des textures particulières et des cadres originaux. Sa recherche ressemble à une course sur un chemin labyrinthique dans un pays étrange, jusqu'au moment où l’on brise l’enceinte afin de pouvoir s'échapper… Mais jamais totalement, jamais définitivement.
Toute pudeur mis à part, cet album de Picola Naine réaffirme qu'il n'est pas seulement un musicien qui travaille sur la déconstruction (sans jamais sombrer dans la condescendante postmoderne), mais aussi un arrangeur avec un talent d’auteur-compositeur.
Il combine des éléments musicaux qui n'ont parfois rien à voir dans la structure des morceaux, ce qui peut au prime abord ne pas faire sens aux oreilles qui ne sont pas habituées. Sur le plan conceptuel, il serait bien sûr trop facile de voir Toutes les Rations… comme n’importe quelle autre expérimentation dans une longue lignée de déconstruction.
Il y a évidemment une tentative de relecture des orchestrations de la chanson française, et des textes qui touchent à un autre niveau, cependant, c'est d’abord un vrai travail d'amour, et son exubérance, sa créativité et son envie d'aller plus loin et de remodeler l'esthétique de la chanson est plus importante que bien des exercices intellectuels.
Toutes les Rations… demeure complètement accessible, mélodique, avec des paroles drôles, émouvantes et révélatrices d’une sensibilité unique qui réussi à créer, au fur et à mesure de ses albums, sa propre marque idiosyncrasique.


It’s always the best bet to expect the unexpected with Picola NAINE. Whatever the instrument he explores (vocals, guitar, piano, sampler ...), each project has its own identity, and bears his signature. TOUTES LES RATIONS... might be one of his most surprising bend: a trip in French songs.
But there’s something inherently perverse about the concept of song with Picola NAINE. The album is at once full of irony and full of affection. In fact, its true subversive dimension may be its inability to accommodate both a real desire to be listenable to a large audience and the will to go even further, as a leak, in experimentation and deconstruction.
Each title is made carefully and full of depth. Picola NAINE explores atmospheres from moment to moment sweet, bitter, warm, dry and organic, and he shows great inventiveness, despite the limits the concept would seem to impose. He found as many possibilities in the song as he experiments with machines and guitar.
Although each tracks on album is remarkable conceived, the fragility of the whole makes contrasts with the energy, unbridled arrangements and unexpected extravagant lyrics.
On a simple basis, each piece unfolds and seeks the location of the rupture. He develops an instinctive understanding of combinations full of amazing details, and textures and original spaces. His research looks like a run in a labyrinthine in a strange land, until you break the walls for escape ... but never completely, not for ever.
This album reaffirms Picola NAINE is not just a musician who works on deconstruction (without falling into postmodern condescension), but also an arranger with talent for songwriting.
He combines musical elements that may have nothing to do with the structure of songs, and at first it seems to don’t make sense to the ears. Conceptually, it would be of course too easy to see
TOUTES LES RATIONS... like any other experiment in a long line of deconstruction.
There is obviously an attempt to replay the orchestrations of French song, and lyrics that touch on another level, however, it’s first of all a true work of love, and exuberance, creativity and desire to go further and to redesign the aesthetics of the song is much more important than intellectual exercises.
TOUTES LES RATIONS... remains completely accessible, melodic, with funny lyrics, touching and revealing a unique sensibility that get to create, all along his albums, his own idiosyncratic mark.


 Télécharger / Download :

Picola NAINE : Compositions et tous les instruments (Compositions & all instruments)
Enregistré durant l'année 2009 (Recorded during 2009)
Graphisme (Design) : Picola NAINE

THO 008 - 08/2011
CD time 14:44

Picola Naine sur le Net :

13 août 2011

Petite page de publicité - PRIMAIRE de Thomas Barrière

PRIMAIRE
DVD de Thomas BARRIERE
 

PRIMAIRE - Folklore expérimental
(2010 - Vidéo - 10 min.)
Inspiré par les musiques du Balouchistan, d’Afrique Centrale, de la Méditerranée...
Guitare solo

Réalisé sans boucles ni overdubs
Enregistré et mixé par WATSON
Extraits vidéo réalisés au PERISCOPE le 08/07/10
par Vincent CAPES


Bonus :
- Puputan (2010 - Audio - 2 min.)
- Pas d’oiseau (2008 - Audio - 10 min.)


Edité par VENUS D'AILLEURS & ANIMA

4 août 2011

Ordre & Progrès - INEMPLOYABLES

Ordre & Progrès - INEMPLOYABLES



Au cours des dernières décennies, la Power Electronics s’est retrouvée noyée sous les suiveurs de Bennett et des innombrables groupes qui ont inondé le marché avec des disques remplis de bruits horribles, en continuant de mélanger de façon stérile les imageries et les propos de dominations, d’abus et d’abominations en tout genre.
Ordre & Progrès, qui apparaît un peu comme la collaboration inévitable et le point culminant de 25 années d’amitiés entre Elliot et U235, se positionne clairement vis-à-vis de tous ceux qui se sont nichés dans cette musique depuis 30 ans. Comme ils disent si bien dans leur texte :
« Nos thèmes de prédilection sont bien moins spectaculaires que ceux habituels de la Power Electronics mais procèdent d'un intérêt similaire pour la chosification de l'individu. Notre perspective est donc volontairement amorale et désengagée politiquement. Dans le même sens, l'usage du bruit par le groupe Ordre & Progrès ne doit pas être assimilé à celui d'arrière-garde de la contre-culture. Notre démarche est par ailleurs étrangère à toute idéologie de résistance culturelle. Nous n'entendons donc pas dissoudre des formes existantes en les brouillant mais créer de nouvelles formes par le bruit. »
Constitués de titres plutôt courts et percutants, Inemployables récupère la méthode du collage sonore à caractère industriel où les fréquences mutent, s’enfilent et se chevauchent de façon brutale et intense. Dans ces morceaux, le groupe semble chercher une approche qui se veut distanciée, mais qui reste agressive par les féroces manipulations sonores qu’ils opèrent. Une conversation, des voix menaçantes, et bien plus encore… Tout a un effet aliénant et transpire une désolation troublante. Le bruit que ferait une journée morne dans un bâtiment administratif, ou dans un hôpital, lorsque tous les médicaments sont épuisés.
Bien sûr, cela a l'effet escompté, et le groupe réussit assez bien : la musique est implacable, et nous broie. Et laisse l’auditeur effrayé d’une humeur sombre. Répulsif, mais dans le bon sens du terme : une écoute proprement angoissante.
Quelque part, ceux qui écoutent ce style musical aiment se faire du mal. Mais ils partent en connaissance de cause, et Inemployables est un peu la quintessence de ce qui constitue intrinsèquement cette musique, c’est-à-dire l’exploration des tensions entre l’auditeur et le son. Comment le faire ciller, et ébranler sa pensée et son libre-arbitre. L’asservissement. Et bien sûr, le doute. Car dans cette poisseuse agression sociale, tout se lit à travers les lignes. Qu’attendons-nous ?
« Obéir » vient de Obedire, qui vient lui-même de Oboedio, constituer de Ob- et de Audio. L’obéissance, c’est donc soumettre l’ouïe. Se soumettre par l’ouïe. Se soumettre à l’Ordre.
Elliot et U235 distillent toute l’oppression sociale pour nous en inoculer l’essence directement dans les oreilles. Une purge éprouvante. Inemployables est un peu un traité sonore sur les impasses de notre époque.
 « Les ethnologues ont inventorié les techniques musicales propres à intimider la tornade, à fouetter l’ouragan, à calmer le feu, à assommer la rafale, à semer la panique dans les pluies afin de les mener en tambourinant le débit, à attirer le troupeau dans son piétinement, à ensorceler la venue du fauve dans le corps du sorcier, à terrifier la lune, les âmes jusqu’à l’obéissance. (…)
Désensorceler nos sociétés de leur obéissance. Le goût de l’ordre et de l’assujettissement dans nos sociétés a tourné à l’hystérie. Les guerres les plus cruelles sont devant nous. Elles seront les contreparties de plus en plus effroyables, le paiement sacrificiel de la protection sociale, médicale, juridique, morale et policière des temps de paix. » P. Quignard, in La Haine de la Musique
Si vous êtes assez courageux pour écouter la chose, il est difficile de ne pas s'émerveiller devant l'ampleur de l'obsession et de la fascination. Cette fascination qui arrête le regard, au point qu’il ne peut s’en détacher. La fascination, c’est la perception de l’angle mort. Et elle s’observe du coin de l’œil.
Là où la musique populaire, presque comme une empreinte infantile, entraîne une surprenante adhésion, des fois contre notre volonté, la Power Electronics tient beaucoup plus du regret du chant des hommes. Aucune musique ne peut la dépasser dans sa noirceur et sa violence pétrifiante.
Elle est l’éclatante preuve que l’art n’a jamais été le contraire de la barbarie.
« Là où l'on veut avoir des esclaves, il faut le plus de musique possible. » L. Tolstoï
N.B. : A écouter aussi fort que possible.


During last decades, Power Electronics has been drowned by Bennett’s followers and many groups have filled the market with discs full of horrible noises, continuing to mix in a sterile way imagery about domination, abuse and abominations of all kinds.
Ordre & Progrès (Order & Progress), which appears much like the collaboration and the inevitable culmination of 25 years of friendship between Elliot and U235, is clearly positioned face to all people who are huddled in this music for 30 years. As they say in their presentation:
"Our themes are much less dramatic than those of Power Electronics but proceed from a similar interest in the commodification of the individual. Our perspective is deliberately amoral and politically disengaged. In the same vein, the use of noise by the Group Ordre & Progrès shouldn’t be equated with that of the rearguard alternative culture. Our approach is also unrelated to any ideology of cultural resistance. We do not dissolve existing forms by blurring, but create new forms by the noise."
Formed of short and sharp tracks, Inemployable recovers the sound collage industrial method where frequencies mutate, shove and overlap in brutal and intense way. In these pieces, the group seems to seek an approach that aims distanced, but still aggressive manipulation by the ferocious sound they make. A conversation, threatening voices, and much more... Everything has an alienating effect and sweat a disturbing desolation. The noise would be a dull day in an office building, or in a hospital, where all drugs are used up.
Of course, this has the desired effect, and the group has fairly successful: the music is relentless and we are crushed. And that leaves the frightened listener in a gloomy mood. Repellent, but in a good way: a scary listening.
Somehow, those who listen to this musical style likes to hurt themselves. But they know it and Inemployable is just the epitome of what inherently this music is: exploring the tensions between the listener and the sound. How stumbling and shaking his thought and free will. Enslavement. And of course, doubt. In this sticky social aggression, all is implied. What do we expect?
"
Obey" comes from Obedire, who has himself Oboedio, Ob- and -Audio. Obedience is submitting by our ears. Compelling by hearing. Submit to the Order.
Elliot and U235 distill all the social oppression for inoculate the essence to us directly into the ears. A tough purge. Inemployable is like a sound treaty about impasse of our time.
"Anthropologists have inventoried musical techniques good to intimidate the tornado, to whip the storm, to calm the fire, to knock out the squall, to scare the rain, for bring them into the drumming flow, to attract the flock in his trampling, to bewitch the coming of the beast in the the sorcerer’s body, to terrify the moon, the souls to obedience. (...)
Disenchant our societies of their obedience. The love of order and liability in our society has turned to hysteria. The cruelest wars do not happen yet. Counterparties will be more appalling, the sacrificial payment of social welfare, medical, legal, moral and police of peacetime."
Pascal Quignard, Hatred of Music
 If you are brave enough to listen this album, it's hard to don’t be marvelled in front of the extent of obsession and fascination. This fascination catches the eye, to the point that it cannot be detached. The fascination is the perception of the blind spot. And we have to observe it in a blink.
When popular music, almost like an infant trace, is surprisingly approved by people, sometimes against their will, Power Electronics becomes the regret of the singing of man. No music can overcome this one in the darkness and in its petrifying violence.
It’s the striking evidence Art has never been the opposite of barbarism.
"Where we want to have slaves, it should be more music possible." L. Tolstoy
Please play it as loud as possible.


Télécharger / Download :

ELLIOT : Synthétiseur (Synthetizer)
U235 : Sampler

Compositions : Ordre & Progrès
Enregistré et Mixé entre Mars et Juin (recorded and mixed between March and June) :
Ordre & Progrès
Graphisme (Design) : U235
THO007 – 07/2011
CD Time : 30:42